domenica 24 maggio 2009

«Cronaca del convento di Sant’Arcangelo a Baiano». P. L. Jacob: Recherches sur les couvens au seizième siècle. Parte 2ª.

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P. L. JACOB

RECHERCHES
SUR LES COUVENS
au seizième siècle

Pars 2ª

Les Augustins, qui prirent naissance, avec le saint, leur patron, vers la fin du quatrième siècle, arrivèrent jusqu’au seizième, à travers de nombreuses réformes, dont la moins importante ne fut pas celle de la chaussure. De là scission dans l’ordre: grands-augustins portant bas et souliers; augustins-dé-chaussés avec sandales; car on n’a pas encore découvert de quelle manière était chaussé le grand saint Augustin.

Ces religieux, d’une humeur turbulente et belliqueuse, étaient vêtus d’une robe noire avec un large capuce, et quelquefois un scapulaire blanc sur la poitrine. Le fougueux Luther fit ses premières armes chez les augustins.

Les Carmes, qui se vantatient de descendre du prophète Élie, non pas salis doute en ligne directe, inventeurs du scapulaire, et propriétaires de la maison de la Vierge à Lorrette, après plusieurs réformes inutiles, se partagèrent, comme les augustins, en grands-carmes et en cannes-déchaussés. Sainte Thérèse, réformatrice des carmélites, eut l’honneur de cette division. Le grand-carme, dont la besace, suivant le dicton populaire, valait mieux que la crosse du Saint-Père, buvant et mangeant bien, avait une de ces faces cardinalisées qui ne se sentent pas du carême. Il était vêtu bien chaudement pour l’été; sa robe de drap brun traînante avec un froc plus ample derrière que devant et à grandes manches, ressortait de dessous un manteau de laine blanc à froc et à capuchon. Une espèce de braie en drap, une chemise de toile et une veste de laine devaient rendre ce costume aussi incommode que celui d’un soudard qui portait sur lui plus de cent livres de fer. Les grands-carmes ne différaient presque des carmes-déchaussés que par la chaussure grossière dite hobelins. La différence était plus importante au moral; car les disciples de sainte Thérèse se nourrissaient un peu moins bien que des ânes ou des mulets, et s’appliquaient à une recherche excessive d’austérités.

Les Capucins seraient encore à naître, sans la miraculeuse découverte du véritable habit de saint François, que les cordeliers avaient si impudemment défiguré. Le nom de capucin leur fut imposé par les railleurs, à cause de leur capuçon , dont nous avons fait capuchon. Ils parurent en France pour la première fois sous les auspices de Charles IX et de Catherine de Médicis. Ces religieux, pour qui, selon une vieille locution, rien n’était ni trop chaud, ni trop froid, ni trop pesant, se relâchèrent bientôt de la sévérité de leur institution. Ils avaient la tête rasée en corolle, et la barbe si prodigieusement épaisse qu’on en faisait peur aux petits enfans; ils étaient d’une horrible saleté sous leur robe brune composée de haillons de plusieurs teintes, bigarrée de taches et dévorée de vermine, le tout mal déguisé par un sale manteau. Une ceinture de corde à trois noeuds, un capuchon menaçant le ciel, et des sandales de bois, achevaient la toilette d’un franc capucin.

Toute la règle des Franciscains, ou Cordeliers, ou Frères-Mineurs, fondés par saint François, au treizième siècle, est renfermée dans ces paroles de l’Évangile: «Ne possède ni or, ni argent, ni sacs, ni chaussures». Il y avait, du temps de saint Louis, d’autres cordeliers, gens de cordes liés, dit Joinville.

Ceux de saint François, fort zélés pour le salut des ames, vendant des images et des prières, prêchant, confessant, étaient en bonne odeur auprès des femmes, malgré leur malpropreté coutumière. Ils s’habillaient tout en drap brun, robe, froc, capuchon et manteau, doublés pareillement en drap; un tablier leur tenait lieu de grègues; leur ceinture de cordes revenait deux ou trois fois autour du corps.

Nul n’était reçu cordelier, s’il n’était pas jugé en état de supporter les rudes travaux de l’ordre. Cette épitaphe de Clément Marot fait foi du genre de mérite de ces moines, velus comme des ours, dit un auteur du temps:
Cy gisl Cordelier Semydieux,
Dont nos dames fondent en larmea,
Parcequ’il les confessoit mieux
Qu’Augustins, Jacopins ou Carmes.

Ils ne gardaient pas toujours le voeu de pauvreté, ou bien le pratiquaient d’une façon fort étrange, témoin cette épigramme de Victor Brodeau:

Mes beaulx peres religieux,
Vous disnez pour un grand mercy:
O gens heureux! O demy dieux!
Pleust à Dieu que je feusse ainsy:
Comme vous vivrais sans soucy:
Car le voeu qui l’argent vous oste,
Il est clair qu’il deffend aussy
Que ne payez jamais vostre hoste.

Les Cordeliers étaient les princes des Mendians. Les Dominicains, qu’établit au treizième siècle saint Dominique, le bourreau des Albigeois, conservèrent les prérogatives d’inquisiteurs. Ce n’est pas en France qu’ils furent les instrumens de la vengeance divine. Ils se nominaient encore Jacobins, ou Frères-Prêcheurs, et se répandirent jusqu’en Chine. Mais l’Espagne et l’Italie furent le théâtre de leurs faits et gestes. Le dominican, comme le dit Marot, ne ressemblait pas mal à une pie, avec sa robe de laine blanche, retenue par une ceinture de cuit et demi-cachée par un long manteau de laine noire. Du reste, la tête et le menton rasés, les pieds chaussés, et pas de chemise, selon une bulle du pape Innocent III.

Je n’ai parlé que des ordres mendians, qui appartenaient à tous les pays où ils étaient reçus; le métier devait rapporter beaucoup, puisqu’ils se multiplièrent si catholiquement. Je ne dirai rien des autres ordres, tels que les Minimes, les Jambonistes ou Antoniens, les Chartreux, etc.; outre qu’ils ne faisaient que des progrès lents et restreints, ils ne participaient point à la licence effrénée des moines, dits de la besace; et même les bénédictins qui formaient l’aristocratie monacale, et s’ennoblissaient par le titre de dom, avaient fait de leurs couvens le refuge des sciences et des lumières, tandis que le menu bétail des moines croupissait dans une ignorance proverbiale.

Je ne veux pas non plus énumérer et décrire processionnellement tous les ordres religieux de femmes, depuis les moinesses de Saint-Basile jusqu’aux Filles-Repenties. Ces religions, comme on nommait les ordres, étaient semblables chez les deux sexes, et seulement variaient chez les femmes par la forme d’une guimpe ou d’un béguin. Il y avait des Augustines, des Claristes ou des Cordelières, des Chartreuses, des Bénédictines, et des Carmélites. Ces dernières, surtout au seizième siècle, se propagèrent en Espagne et en Italie, avec la réforme de sainte Therèse, qui, à sa mort, n’avait pas moins de quatorze couvens d’hommes, et seize de filles sous sa juridiction. Les carmélites de ce temps-là ne différaient guère de celles de la rue du Bouloy, qui s’emparèrent de madame de La Vallière, et que Louis XIV désignait par les noms de brodeuses, bouquetières, pestes et intrigantes.

Le costume des religieuses variait autant que le caprice des saintes filles qui le portaient; c’étaient d’ordinaire des étoffes de laine noire, blanche ou brune, des robes amples avec des manches tombant jusqu’au bout des doigts, des manteaux courts ou longs, des scapulaires et des voiles autour de la tête entièrement rasée.

Il y a un livre tout entier à faire sur les convens du seizième siècle; ma tâche à moi ne consiste qu’à ramasser des faits qui instruisent mieux que des jugemens d’à présent. Je trouve dans un vieux livre fort rare le recensement des moines; en 1581. Pour faire leur portrait caractéristique et impartial, je rassemblerai différens traits recueillis dans les auteurs contemporains. Quant aux anecdotes, je n’aurai que l’embarras du choix. Il faudrait citer tout Boccace, qui, de même que la reine de Navarre ne fait que raconter des nouvelles vraies arrivées de son temps. Le Décameron n’est, pour ainsi dire, qu’une histoire galante des couvens, un répertoire des faits et gestes d’un personnage collectif: la Moinerie.

Un prodigieux calculateur, nommé Froumenteau, a composé un singulier état de la Polygamie sacrée; c’est ainsi qu’il nomme le célibat des ecclésiastiques. Froumenteau, chaud partisan de la religion réformée, a bien pu abuser de la bonne foi des chiffres; cependant on ne risque rien à croire au moins la moitié de ce qu’il avance. Il commence par apprécier fort ingénieusement la quantité de prêtres, de moines, de religieuses, que nourrit la primauté de Lyon, avec le nombre des complices de leurs débauches, et sans oublier leurs bâtards, ni leurs chiens, ni leurs chevaux. Ce recensement considérable, avec toutes les preuves, dans une seule primauté, permet d’étendre ce calcul à toutes les primautés de Frànce. Ainsi, de ce travail fastidieux à faire, autant qu’à lire, il résulte les faits suivans:

En 1581, le revenu de l’église gallicane était de plus de cent millions d’écus; elle possédait en France, à cette époque, quatorze cent cinquante-six abbayes, douze mille trois cent vingt-deux prieurés, deux cent cinquante-neuf commanderies de Malte, cent-cinquante-deux mille chapelles, cinq cent soixante-sept couvens de femmes, sept cents couvens d’hommes; enfin cent quatre-vingt mille châteaux, fiefs et seigneuries.

L’auteur de ces recherches détaille scrupuleusement combien d’arpens d’eau, de bois, de champs ou de vignes appartenaient à ces apôtres si détachés des biens de la terre. Il nous donne le prix de toutes les sacrées contributions, depuis l’exorcisme jusqu’à la confession des femmes enceintes; il passe ensuite à l’énumération des personnes mâles et fèmelles qui vivent aux dépens du crucifix en l’église gallicane, y compris les chevaux, les chiens et les oiseaux de vénerie. C’est là qu’il faudrait toute la foi catholique pour croire.

La primauté de Lyon présente une si énorme masse de libertinage monacal, que l’on est forcé de dire à l’auteur: Vous êtes bon réformé, M. Froumenteau. Il y avait, selon lui, dans l’archevêché de Lyon, tant archevêque, évêque, prélats, abbés, prieurs, chapelains et prêtres, que moines des deux sexes, avec tous leurs officiers et serviteurs, cinquante-cinq mille deux cent trente personnes. Ce nombre n’est pas exagéré; mais il fait monter il cent cinquante-cinq mille les femmes et filles, dévotes ou non, se consacrant corps et ame au service de la concupiscence ecclésiastique, par métier ou autrement! Voilà certes une calomnie sentant l’hérésie: deux femmes au moins pour chaque moine! Ce serait tout profit à garder le célibat.

Froumenteau entre alors dans des particularités de moeurs assez peu orthodoxes, même dans les couvens. Je m’abstiens volontiers de le suivre au milieu de cette licence infecte. Les bâtards de tout ce monde ne pouvaient manquer d’être fort nombreux; je n’en trouve que soixante-neuf mille cent trente-huit, sauf les omissions. On peut ajouter à ce dénombrement dix-neuf mille chevaux, deux mille chiens, cinq mille oiseaux de proie. Ce dernier calcul ressemble à un trait de satire dirigé contre les moines, qui dévoraient le peuple et s’engraissaient de rapines.

(a seguire)

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